Etienne Moutot - Portfolio

Photo du jour: La craie du tableau noir

La craie du tableau noir

Cette photo est une des plus anciennes que j'ai pu faire, je l'ai faite alors que j'étais encore au collège, je dirais en 6e ou 5e. Je découvrais alors tout juste la photo, grâce à l'atelier "photo argentique" organisé par des parents d'élèves. (Je ne les remercierai jamais assez pour ça).

Pour ceux qui ne comprennent pas trop ce qu'il y a dessus, c'est un petit morceau de craie, dans le repose-craie d'un tableau. La grosse masse derrière est un tampon effaceur très flou et en contre-jour.
Elle a été faite avec un doubleur de focale macro, et j'ai moi-même fait le tirage que vous voyez ici.

Si j'aime cette photo c'est non seulement qu'elle me rappelle ma découverte de la photo, mais aussi pour son noir et blanc très contrasté. Ce petit morceau de craie que l'on ne reconnaît pas tout de suite est assez sympa. Le bord du porte-craie qui s'efface devant et derrière donne des lignes interessantes, qui invitent à regarder autour de cette craie, pour peut être un peu mieux comprendre cette photo.. Pas forcément avec succès.

Cette photo est aussi celle qui a apporté le plus de visiteur sur mon site, et depuis de nombreuses années. En effet, cherchez "tableau noir" sur google images, cette photo est en deuxième page des résultats ! Je n'ai jamais compris pourquoi.

La licence Creative Commons

Pourquoi je publie mes photos sous licence Creative Commons ?

Creative Commons, c'est quoi ?

Pour comprendre les licences Creative Commons (qui je remplacerai par CC à partir de maintenant, parce que je suis un gros flemmard), il faut avant tout savoir ce qu'est le droit d'auteur.
En France, toute création, qu'elle soit artistique ou autre est automatiquement protégée par ce droit d'auteur. C'est à dire qu'à partir du moment où vous créez une œuvre, elle vous appartient. Nul besoin de déposer de copyright comme aux USA, vous avez tout pouvoir sur cette œuvre. Et, sauf mention du contraire, personne n'a le droit de la réutiliser, même si vous la publiez.
Oui oui, vous avez bien lu: toutes ces photos prises sur divers sites et puis publiées sur son blog ou Facebook, sont pour la plupart illégales.

Dès qu'il s'agit d'une œuvre qui peut prendre de la valeur, cela prend tout son sens. Pour des photos, car c'est ce qui nous intéresse ici (mais tout ce que je dirai dans cet article peut tout aussi bien s'appliquer à des dessins, de la musique, ou tout autre création), elles peuvent très rapidement passer de personnes en personnes sans même que le photographe en soit informé, surtout avec la rapidité de circulation des informations par internet. Si le photographe vend en parallèle ces photos, cette circulation le prive donc de son revenu, d'où le droit d'auteur, qui lui permet d'interdire cette circulation non désirée.

Pour en revenir à la licence CC, c'est en quelque sorte une "couche" que l'on décide ou non de rajouter en plus du droit d'auteur, afin de le rendre plus permissif. Car par défaut le droit d'auteur interdit toute reproduction et diffusion. Les licences CC permettent d'autoriser la diffusion de vos œuvres, avec quelques conditions, de manière à ce que votre œuvre reste la votre. Il est bien sur possible d'autoriser cette diffusion sans CC. Le plus permissif étant de les laisser dans le domaine public, mais vous perdez alors tout droit dessus. Vous pouvez aussi simplement laisser une mention "autorisation de reproduction blablabla..." mais l'avantage de la licence CC est que vous avez des conditions claires, avec un texte officiel sur lequel vous pouvez vous appuyer pour d'éventuelles poursuites.

Il existe en tout 6 licences de type CC, chacune ayant ses particularités.
La première, la licence "nue": la CC-BY, n'importe qui peut réutiliser, modifier, publier votre œuvre comme bon lui semble, mais à condition de citer votre nom (et c'est là tout l’intérêt des licences CC).
On peut ensuite greffer trois "attributs" à cette licence (que l'on peut combiner), qui ne changent pas les conditions initiales (citer votre nom) mais qui permettent d'y ajouter des restrictions:
- NC: Non Commercial, liberté de partage, modification, publication à condition de n'en tirer aucun profit économique.
- ND: No Derivs: publication et partage autorisés, mais la modification le l’œuvre est interdite.
- SA: Share Alike: L'ouvre dérivée (donc la modification est autorisée) est placée obligatoirement sous la même licence que l'original.

Ainsi, en combinant ces attributs on arrive au total des 6 licences CC (cliquez pour plus de détails sur chacune d'entre elles):
- CC-BY
- CC-BY-NC
- CC-BY-SA
- CC-BY-ND
- CC-BY-NC-SA
- CC-BY-NC-ND

Comment utiliser les licences CC ?

L'utilisation de ces licences est très simple, il suffit de mentionner le nom de la licence choisie à chaque endroit où la photo est publiée, comme vous pouvez le voir dans la page "à propos" de ce site.

Oui mais pourquoi ?

J'ai pour ma part choisi d'utiliser la licence CC-BY-NC pour mes photos.
L'attribut NC est pour de me réserver le droit de vendre mes œuvres.

Mais n'oubliez pas que ces licences concernent le cas où l'on ne demande rien à personne, il est toujours possible de faire des exceptions ! (on reste toujours totalement propriétaire de son œuvre).

Ensuite, on se dit souvent que si le partage de nos photos est autorisé, il n'y a plus de raisons de les vendre, je ne suis pas de cet avis. Pour moi il est intéressant de pouvoir réutiliser et partager des œuvres librement. Je me met à la place de mes visiteurs, il est toujours agréable de pouvoir réutiliser une photo et/ou la modifier, citer un nom n'est pas grand chose en comparaison du service rendu ! Je suis pour un esprit de partage sur internet (et en général), permettre la réutilisation de son travail devrait être bien plus répandu, mes photos seront plus utiles aux gens comme ça. J'aime pouvoir réutiliser d'autres œuvres. Sans avoir à payer. J'aime le partage et la découverte, pas l'enfermement dans les achats et droits restrictifs.

Les licences CC finalement, c'est se mettre à la place de son visiteur, et lui dire qu'il a le droit, qu'il peut utiliser. Vous pourriez me dire qu'on tire plus d'avantages à faire payer ces photos qu'à les laisser diffuser librement, et bien pour un petit photographe comme moi, c'est tout le contraire. L'obligation de citer mon nom me fait de la publicité, peut me faire connaître. Alors que si j'avais obligé à payer, mes photos ne se seraient jamais diffusées, mon nom non plus.

Quand à la vente de mes photos, au jour du numérique, je considère que ce tas de pixel a bien peu de valeur et n'est pas très agréable à regarder, je peux donc vendre des tirages d'une photo, qui eux, étant limités à 30 exemplaires par photo, sont considérés comme les œuvres.

Eh oui, mon portfolio n'est qu'une pale présentation de mon travail. Pour vraiment voir une photo, il vaut mieux la voir sur papier. Et en grand format de préférence.

Pour finir, je respecte tout à fait le choix des gens qui gardent tout droit sur leurs œuvres, chacun fait ce qu'il lui plaît. Mais dans ce cas il est bien de le faire par choix, et non pas parce qu'on ignore l'existence des licences CC.

Bonne photo à toutes et à tous !

PS: Réutilisez mes photos ! Imprimez les, modifiez les ! Allez y ! (mais n'oubliez pas mon nom ;) ).

Photo du jour: Renversant

Renversant

J'aime bien l'aspect "tordu" de cette photo, qui est alignée sur la fille, qui est elle penchée. Je me demande si on comprend immédiatement comment cette photo est prise quand on la voit ?
J'aime aussi le noir et blanc, à la fois contrasté et doux, qui fait bien ressortir ses cheveux blonds et rend ses yeux.. Captivants.

Un peu surexposé derrière, il y a un chat ! En fait, elle se penchait parce qu'elle pensait que je le prenais en photo lui, et pas elle..

C'est aussi une de mes rares photos dont il y a eu un travail dérivé ! Suite à sa publication sur Flickr sous licence Creative Commons, un dessinateur l'a utilisé comme modèle pour produire ce dessin ! Plutôt ressemblant je trouve, j'étais assez content de voir que mes photos pouvaient servir à quelqu'un.

Photo du jour: Le dragon

Le dragon

De manière générale, si vous ne comprenez pas le lien entre une œuvre et son titre, c'est probablement que vous ne l'avez pas assez regardé.
Tout ce que je vais vous dire sur cette photo est contenu dans son titre, "Le dragon", que j'ai choisi exprès pour pousser les gens à s'interroger sur la photo, et à voir dedans la même chose que ce que moi j'y vois. Prenez le temps de regarder cette photo attentivement, essayez de deviner pourquoi elle s'appelle comme ça avant de continuer votre lecture.

Cette photo a été prise dans la Casa Batlló, une magnifique maison du centre ville de Barcelone, conçue par le célèbre architecte Gaudí. Je dois dire que c'est une des maison de Gaudí que je préfère, et cette photo en est un peu responsable. Elle est entièrement construite sur le thème du dragon, que l'on retrouve un peu partout: les écailles sont les tuiles, le grenier ressemble à son ventre vu de l'intérieur, l'échine du dragon est au sommet de l'immeuble, ...

Lorsque j'ai fait cette photo je ne voyais qu'un assemblage de lignes géométriques plutôt esthétique, qui rendrait sûrement bien en photo. Le traitement de la photo est d'ailleurs là pour souligner ces lignes et renforcer les contrastes entre les différentes surfaces et plans de l'image.
J'ai un jour rouvert cette photo après l'avoir retouché, et là quelque chose m'a sauté aux yeux: même cet escalier est un dragon. Cette maison entière est faite pour rappeler un dragon, jusqu'à la forme de cet escalier. C'est dingue.
Si vous ne le voyez pas encore, imaginez les marches comme le dos du dragon, avec ses pointes. Le pilier central de l'escalier est sa patte, et il est enroulé sur lui-même, la tête sortant hors-cadre à gauche. Je vous l'accorde c'est à peu près un dragon.
Mais cela m'a paru tout à coup extrêmement logique. Et j'aime croire que Gaudí l'a fait exprès, qu'il a placé beaucoup d'autres détails comme ça un peu partout, et qu'il suffit de regarder correctement pour les voir.

Photo du jour: La mouche

La mouche

Cette photo est très ancienne, c'est sûrement la première photo réellement "macro" que j'ai pu faire.
Et en fait.. Elle est à l'envers ! Le mouche était posée à l'envers sous un abat-jour d'un plafonnier.

À l'époque je n'avais pas encore d'objectif dédié à la macro, je bricolais ce que je pouvais avec les objectifs que j'avais. Cette photo a été faite deux objectifs: un 55-200mm monté sur le boîtier et un 28mm placé devant le premier et.. Retourné. On retrouve ça sous le nom de twin lens, ce qui permet à moindre frais d’obtenir de très grand facteurs de grossissements. La difficulté est que l'on ne dispose que d'une manière de faire la mise au point: avancer et reculer pour mettre le sujet dans la zone de netteté. Et avec un tel facteur de grossissement, autant dire que la zone de netteté n'est pas grande !
Difficulté supplémentaire, je n'avais pas de bague de retournement, du coup je devait en plus tenir le 28mm bien aligné avec le 55-200.

Pour obtenir cette photo j'ai passé une heure à courir après les mouches dans toute la maison. Le fait même qu'une photo soit nette était un miracle, donc il a fallu en faire beaucoup pour en avoir ne serait-ce qu'une de réussie !

Photo du jour: Sombre horizon

Sombre horizon

Cette photo, en plus de frapper visuellement a une résonance particulière pour moi.

Visuellement, les lignes et la perspective attirent le regard sur les deux silhouettes, et l'effet est renforcé par la pente du sol, qui crée une plus grande inclinaison des lignes inférieures. À droite, les arbres épousent la forme de la barrière et ne viennent pas perturber cet alignement.
Cette pente donne aussi une fin nette au chemin, derrière les silhouettes, cachant l'endroit où se dirige les deux personnes.

Mais ce qui rend cette photo spéciale n'est pas directement visible dessus: c'est le lieu où elle a été prise. J'ai fait cette photo au camp de concentration de Dachau (Allemagne), plus précisément dans la pente du mémorial Juif.
Sans avoir de liens familiaux spécifiques avec ces évènement tragiques, on ne peut qu’être touché en visitant un camp de concentration. On réfléchit. Difficile d'être joyeux en étant plongé dans ces atrocités de l'intérieur. Ce mémorial en particulier était saisissant: impressionnant, sombre. Y entrer ressemble à une descente aux enfers. En sortir est un soulagement.

Au moment où j'ai pris cette photo, j'ai surtout vu la géométrie particulière que proposaient les lignes des barrières. Mais après coup, je me rend compte qu'elle reflète bien mon état d'esprit à ce moment là.